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lundi 16 février 2015

"L'origine de l'amour"

L’origine de l’amour - Exposition du 7 au 29 mars 2015

Vincent Corpet, Aurélie Dubois, Valéry Grancher, Orsten Groom, Cécilia Jauniau, Angelika Markul, Hervé Rabot, Suspensio Regina.

Vernissage le vendredi 6 mars à partir de 18h

L’origine de l’amour, c’est Aphrodite qui nait du sexe coupé par Cronos.

Ce sexe tombé dans la mer est branlé par les flots et éjacule : c’est l’écume.

Celle-ci donne naissance à la déesse de l’amour et de la beauté.

L’origine de l’amour est une exposition qui descend les courants des désirs sexuels, des sentiments amoureux, du narcissisme, de la haine, puis les remontent par derrière.

On peut s’imaginer que l’amour nait dans une communauté de goûts sur un site de rencontres payant, mais c’est bien connu en radio : être sur la même longueur d’onde conduit irrémédiablement au brouillage alors que des ondes éloignées permettent une bonne écoute.

Dans la question de l’origine de l’amour, on tranche dans les zones sombres, des espaces que les religions judéo-chrétino-musulmanes ont mis en exergue en les excommuniant, c’est la raison pour laquelle l’exposition n’est autorisée qu’aux majeurs puisqu’un ou deux doigts dans le nez sont rigolos, mais pas plus bas pour les enfants et les fidèles, c’est la loi.

Platon définit l’origine de l’amour par l’androgyne et ses huit membres (quatre bras, quatre jambes) qui se déplaçait de manière circulaire ; après la séparation de l’être idoine : trois genres, trois orientations et Platon définit la virilité masculine dans l’homosexualité qui mène au service de l’Etat, en bon politicien philosophe, il se sert la soupe.

L’origine de l’amour est peut-être dans la violence, le mysticisme, le fétichisme, le sadomasochisme car on sent parfois plus de coeur entre des toutous et leur maitresse que dans un couple scellé par les liens du mariage.

Enfin le temps passant, l’un n’empêche pas l’autre.

Mais revenons à nos loups : dans cette exposition, les artistes n’ont pas les mêmes attitudes formelles, ni fondatrices, mais ils les affirment avec courage et sans détour, c’est ce qui les réuni. Cela permet au visiteur lambda de tester des saveurs variées, l’important en amour comme en art est peut être de ne pas toujours goûter le même plat.


Vincent Corpet est un africain, un jongleur de formes et de couleurs. Par l’observation, en se tenant prêt du réel, il voit les yeux ouverts. C’est Lapalisse, mais les surréalistes voyaient les yeux fermés, ce qui les a parfois conduit dans le mur.

Vincent Corpet est précis dans ce qu’il observe, une chatte est une chatte, sa virtuosité est un peu monstrueuse, le corps n’est pas toujours beau.

Dans ses analogies, on retrouve souvent l’homme lié à la nature, à l’ouverture sur le monde des animaux, des objets, ses formes peuvent être utilisées dans différentes fonctions, libre à chacun d’y voir ce qu’il souhaite. Son « origine du monde » est contemporaine, lisse, épilée, semblerait comme l’œil d’une chinoise vertical. Les autres tableaux présentés sont ce qu’ils représentent : des organes sexués indépendants et interdépendants.


Aurélie Dubois est docteur ès lettres en érotisme. Dans un monde bien fait, il y aurait certainement une Faculté de l’érotisme avec des chercheurs, des thèses, des carrières. Il est surprenant que l’on puisse étudier pendant des siècles un caillou du paléolithique, mais rarement ce qui habite au corps tout un chacun.

Aurélie Dubois cultive l’éros sur papier avec plaisir. Elle n’a pas de pudibonderie, les corps sont dessinés clairement, découpés avec grâce, inversés entre le féminin et le masculin, la jeunesse et la vieillesse.

Elle travaille avec simplicité et clarté, elle revient à l’évidence des jeux d’enfants, au temps où les petites filles et les petits garçons s’amusaient au papa et à la maman ou au docteur.


Valéry Grancher est un artiste qui s’intéresse à tout. Ce n’est pas un artiste national, il creuse dans les directives mondiales. Un jour à se pencher sur les confessions intimes des malades du sida, un autre en Amazonie dans une tribus d’indiens Jivaros, encore un autre au pôle nord et le lendemain sur Google. Il pointe avec justesse là où le bât blesse et il n’y va pas par quatre chemins, c’est efficace.

La sélection de dessins exposés aux salaisons est colorée, violente et l’on peut se demander s’il n’y a pas une forme de jouissance sexuelle, un retour du refoulé dans la torture, la dévoration, le meurtre. La série exposée questionne cet obscurantisme contemporain des religions, elle est peinte avec des larmes humaines artificielles : l’aquarelle.


Orsten Groom, alias Simon Leibovitz - Grzeszczak. est un artiste russo-polonais exilé au Mexique un soir de fête des morts arrosé. Il fulmine sur la toile des envaginations grotesques, des razzias de couleurs inquiétantes, des formes se rencontrent, se superposent et l’on peut rester langue pendante devant ses oeuvres des heures sans fin. On y découvre des fatras dodécaphonique, un tohu-bohu grotesque dont l’ordre n'est qu’un signe particulier. Des porcs et des harengs rôdent, c’est saturé comme un enterrement de vie de garçon, sexuel, vicelard et infernal.

Orsten Groom est un peintre pariétal apocalyptique, un chef d’orchestre du syncrétisme pictural, un après courants qui triture formes et couleurs dans un torrent de boue carnavalesque. Il semble composer uniquement avec ce qui le traverse pour récapituler un état du monde saturé de pourceaux retors de prélats macabres.


Cécilia Jauniau dessine et photographie, elle travaille le corps féminin et ses tropismes, ce qu’on ne voit pas derrière la forêt, la femme cachée forme des nœuds coulants autour du cou qui amènent à l’extase ou à la mort.

Ses corps de femmes sont par bouts, elles évoquent l’envers du décor, la folie personnelle et intime, la jouissance fulgurante, ce qui broie parfois l’intérieur et que nul homme n’ose envisager.

C’est une féminité puissante comme un animal sauvage, une plante carnivore sensuelle et violente qui semble se tracer sur des bribes de corps, l’opposé d’une potiche.

Cécilia Jauniau photographie également des femmes dans des poses inattendues et personnelles.


Angelika Markul travaille sur les forces qui éclairent le corps, la terre, l’univers. Le rouge comme le noir sont des couleurs lumineuses, celles de la passion, du cœur, de la corrida, de l’amour à mort et de sa lente disparition. Elle scrute les éruptions cosmogoniques, celles qui amènent à la disparition de soi dans l’espace. Etre ici en vie, semble signifier pour l’artiste, observer le monde, le goûter, le contempler, le filmer et nous le rendre parfois un peu plus présentable. Elle travaille sur le sensible, ce qui est beau n’est pas toujours évident, visible, il faut aller le chercher très loin, le ramener de l’enfer.


Hervé Rabot dispose des photographies de femmes nues, ouvertes, elles choquent peut-être ceux qui aiment êtres choqués, sans pour autant détourner les yeux de ces paysages inconnus. Ce sont des photographies que l’on regarde seul. Il est peut-être un peu gênant de les observer à plusieurs car c’est là un échange intime entre le photographe et son modèle et c’est ce qui attire : cette union fusionnelle, ce partage de l’impudeur. Mais que regarde t’on dès qu’un nu apparaît ? Le sexe. Qu’il soit féminin ou masculin, c’est là où le regard se plonge en premier lieu. Comparaison, évaluation, mystère et animalité, c’est là où l’œil évalue des réservoirs potentiels de plaisirs et d’amour. Ces photographies et ses modèles sont culotées, fascinantes de simplicité et d’évidence.


Suspensio Regina est une jeune artiste qui est mise en scène par son double : un auteur invisible dont le nom a disparu derrière son oeuvre. Suspensio Regina provoque, s’incruste et s’insère dans l’être là, ici et maintenant avec les visiteurs, la demande d’existence de son double artistique est insatiable, comme une nécessité d’un regardez-moi mystique, priez pour moi semble dire l’icône visuelle.

Elle évoque cela dans son étude du féminin sacralisé par le biais de différents supports plastiques. L’origine de l’amour est dans son travail essentiel, qu’est ce que cela signifie être aimé et à quel prix ?

C’est la question que se pose et nous pose l’œuvre de l’artiste inconnue.


Voilà donc en substance les propositions esthétiques diverses sur l’origine de l’amour. Terme galvaudé, employé sous toutes ses coutures, l’amour est certainement l’un des mots les plus dangereux et les plus cruels : combien de crimes ont été commis, combien de morts au nom de l’amour de la patrie, d’une femme, d’un homme, de Dieu et de ses administrés ?


Mais, l’origine de l’amour est également un alibi incantatoire, un terme qui permet en l’occurrence d’offrir de nouvelles sensations, plus printanières, aux salaisons.


Laurent Quénéhen



Les salaisons
25 avenue du Président Wilson 93230 Romainville
Métro Mairie des Lilas et 10 mn de marche
Ou bus 105, arrêt Liberté
www.salaisons.org
Ouvert samedi et dimanche de 15h à 19h et sur RV
Exposition réservée aux majeurs

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